L'exposition temporaire épousailles...
Autant qu'à la réalité, le mariage appartient au domaine du mythe : toutes les civilisations, toutes les littératures, toutes les religions, tous les codes de loi se sont emparés de son histoire et de son organisation, quels que soient les dénominations et les arrangements que la notion de mariage ait pu prendre. Il s'agit d'une forme d'organisation qui touche aux
fondements même de la vie, vie privée et vie publique, puisqu'elle encadre les pulsions de l'intime, le devenir reproductif et 'ordonnancement de la société.
Tenir un discours cohérent, raisonné, réflexif sur la notion de mariage relève de la gageure, c'est pourtant le premier défi que s'est lancé le musée d'Arts et Traditions populaires de Champlitte. Même si elle aborde la force symbolique de cette notion et sa constitution en droit en tant que structure administrative, l'exposition " épousailles " choisit délibérément d'amener le visiteur à la représentation des rituels des " épousailles ", considérés comme métonymiques de l'institution tout entière.
Le deuxième défi des musées est d'avoir choisi une thématique qui, depuis plus d'un an, est sous les feux de l'actualité : presque chaque numéro de la presse nationale ou régionale présente un article sur le " mariage pour tous ". Le parti-pris de l'exposition est de se limiter temporellement au xixe siècle et à la première moitié du xxe siècle, période qui couvre le champ des collections des musées départementaux. Le catalogue permettra d'aller plus loin et de donner des clefs de lecture sur les polémiques passées et actuelles sur le mariage et sur la famille.
Le troisième défi que s'est lancé ce musée est de choisir une exposition dont la thématique relève de l'anthropologie et de l'ethnologie, disciplines universitaires relativement méconnues, et pourtant, les acquis des sciences humaines, les progrès de l'histoire des idées et des institutions devront à terme relancer l'intérêt pour les musées d'ethnologie.