Sous le titre Rodin Erotique, cette édition est axée autour du culte que Rodin voue au nu féminin, et particulièrement au corps sexué de la femme. Parallèlement à son oeuvre sculpté, Rodin a dessiné, tout au long de sa vie, et nous a laissé à peu près 10000 oeuvres sur papier, parmi lesquelles environ 7000 sont conservées au musée Rodin de Paris. Si les oeuvres sur papier ne peuvent être montrées que très ponctuellement, elles ne constituent pas pour autant une part mineure de l'art de Rodin, qui affirme à la fin de sa vie :"C'est bien simple, mes dessins sont la clef de mon oeuvre" (René Benjamin, "les dessins d'Auguste Rodin", Gil Blas, 17 octobre-8 novembre 1910 ). Depuis la fin des années quatre-vingt, Rodin réalise de manière quasi obsessionnelle et jubilatoire des dessins qui sont autant de variations sur un même thème, celui du corps nu de la femme. Dorénavant, l'artiste dessine presque exclusivement d'après modèle vivant ("Je ne puis travailler qu'avec un modèle vivant", confie-t-il à Dujardin-Baumetz, "la vue des formes humaines m'alimente et me réconforte"). Parmi les dessins de Rodin, près d'un millier sont communément considérés comme des dessins érotiques, dessins que l'artiste n'enfermait pas dans un cabinet privé, mais qu'il cherchait à montrer en regard de ses sculptures, confirmant leur statut de grande oeuvre. L'artiste y révèle le travail intime et fervent auquel il s'est principalement livré au cours des deux dernières décennies de sa vie. Instaurant une connivence, voire une véritable complicité, avec ses modèles, il les amenait à prendre des attitudes inédites, sensuelles, extravagantes, à se caresser, à dévoiler les parties les plus secrètes de leurs corps, à s'ouvrir, toujours plus largement et de façon parfois accrobatique, pour montrer sans ambiguité et sans fausse pudeur, leur sexe, leur plaisir, leur attente.