En Andalousie, entre les trois villes de Jerez de la Frontera, Puerto de Santa María et Sanlúcar de Barrameda, s'étend un vignoble dont les paysages, les techniques d'élevage du vin, la gamme étendue de productions et mªme l'architecture urbaine manifestent l'originalité. Celle-ci est profondément ancrée dans l'histoire. En 1834, avec la disparition de l'ancienne structure corporative, il devint possible de cumuler les activités de production de raisin, d'élevage et de commercialisation des vins. Certaines entreprises familiales surent profiter de cette situation nouvelle : agrandissant leur domaine foncier, augmentant leurs stocks et consolidant leur présence sur les marchés étrangers, leur envergure leur permit de résister aux crises qui survinrent à la fin du XIXe si¨cle et d'étendre progressivement leur domination sur le vignoble, formant une véritable aristocratie viticole, avec ses figures marquantes et ses traditions. Au cours des années 1960, l'essor tr¨s rapide des exportations ouvrit un ¢ge d'or qui prit fin au début des années 1990, la surproduction et la baisse de la demande extérieure imposant des restructurations drastiques, sonnant le glas des structures à capital familial et préparant l'entrée en sc¨ne des multinationales de l'agro-alimentaire.