Exposition présentée au musée du Louvre-Lens, du 28 mai au 8 octobre 2014
L'art nous invite à penser la guerre différemment, depuis les années 1800 et ce oment révolutionnaire où la naissance de l'individu libre et indépendant s'opposait forcément aux dégâts de la violence extrême. Après les campagnes napoléoniennes, en 1819, Benjamin Constant pouvait ainsi écrire que " chez les modernes, une guerre heureuse coûte infailliblement plus qu'elle ne rapporte ".
Alors que l'univers des formes était depuis toujours dominé par la bataille héroïque, la guerre, placée jusque-là au centre des valeurs de la société, fut de plus en plus représentée sous toutes ses faces et jusqu'aux plus atroces dans ses conséquences sur les humains, les animaux, la nature, les choses. Sa nécessité comme épisode inévitable allait de moins en moins faire consensus.
L'exposition établit les jalons majeurs de cette histoire méconnue à travers une vingtaine de conflits, en 12 séquences, 450 oeuvres de 200 artistes sur tous les supports : peinture, sculpture, dessin, gravure, photographie, panorama, cinéma, vidéo, image d'Epinal, dessin de presse, affiche, objet, jeu, texte, presse, document ou archive.
Elle établit des tournants visuels mais aussi des correspondances par-delà les événements et la chronologie. Nous y voyons les artistes hantés par les traces à fournir de ces orages humains. Nous les retrouvons affairés à modifier leur outillage, leur technique et leur politique afin de rendre visible le chaos engendré en temps réel ou avec le recul : la guerre demeure après l'arrêt des hostilités avec son cortège d'effets calamiteux sur les corps et les esprits.
Chaque conflit généra un monde d'images inédites au fur et à mesure que s'intensifiaient la massification et le rôle de la machine dans un mouvement de tension extrême entre la survivance de l'individu et son abolition dans l'anonymat. Au fur et à mesure que les populations civiles étaient toujours plus visées. Au-delà des non-dits et de la propagande de plus en plus sophistiquée qui exalte toujours la guerre, les artistes explorent le pire, hideux et fascinant. Ils participent du mouvement des idées et des sensibilités, souvent en les précédant. Ils révèlent des effrois qui ne se retrouvent nulle part ailleurs avec une telle puissance.