" C'est un noble usage que de laisser le palais des rois ouvert au peuple ! " s'exclama le critique Delécluze lors de l'inauguration du musée Charles X au Louvre en 1827. Après la chute de l'Empire, la Louvre, qui avait accueilli le plus prestigieux musée du monde, devint l'objet des attentions les plus vives des gouvernements successifs de la Restauration. Sous les règnes de Louis XVIII et Charles X, on entendit faire du Louvre non seulement le symbole fastueux de la monarchie restaurée, mais aussi celui du relèvement d la Nation. A côté du musée royal, qui se développa sur les dépouilles du musée Napoléon, trois nouveaux musées y furent créés : le musée Charles X et ses deux divisions, l'une antique, l'autre égyptienne sous l'égide du jeune Champollion, un musée de sculptures modernes et l'ancêtre du musée de la Marine. Des institutions politiques et administratives, comme la chambre des Séances royales ou le Conseil d'Etat, vinrent s'y installer. Toutes furent dotées de décors somptueux, où oeuvrèrent certains des artistes les plus célèbres du moment : les peintres Gros, Gérard, Ingres ou Delacroix, les architectes Percier et Fontaine, le sculpteur David d'Angers... Si quelques uns de ces ensembles furent démembrés, beaucoup sont aujourd'hui conservés dans les salles du musée et suscitent l'admiration des visiteurs. Pourtant, ils n'ont jamais fait l'objet d'une étude d'ensemble, qui les replace à la fois dans le contexte culturel, artistique et politique de ces années 1820, bientôt qualifiées de romantiques. Le présent ouvrage entend combler cette lacune. Ainsi revisité, le Louvre de la Restauration apparaît comme l'un des lieux du renouveau de la peinture monumentale en France, renouveau qui s'opéra autour d'une idée politique : le dépassement de la Révolution dans une relecture mythique de l'histoire de la monarchie et la réconciliation nationale.