Nous écrivons l'histoire politique de l'Empire romain avec des lambeaux de texte. Nous nous fondons sur une bibliothèque lacunaire pour tisser les récits de notre civilisation. Et pourtant, nous avons à notre disposition un texte quasi intégral et qui émane directement de l'autorité impériale : la monnaie.
Aucune autre entité de l'histoire humaine n'a produit un corpus aussi cohérent, aussi structuré, que l'Empire romain. Cet ouvrage entreprend, pour la première fois, de le considérer comme un texte autonome, c'est-à-dire relié aux autres formes de discours publics, notamment l'épigraphie, la glyptique et la statuaire, mais aussi appartenant à son propre espace, et surtout, presque complet.
Mobilisant les derniers apports de l'histoire économique et financière des mondes anciens et de l'histoire des images, cette recherche en radicalise les leçons pour ouvrir un nouveau champ : celui de l'étude du monnayage impérial comme texte. Ce texte, par son unité conservée, permet de penser la structure même du régime impérial, et d'accéder au discours de l'Empire, à son autobiographie, au travers et au-delà de chaque règne. On découvrira dans ce livre de nouvelles approches du monnayage, sous la forme d'études de cas ; on se rendra compte de la présence, dans le monnayage même, d'une méthodologie textuelle ; on pourra lire, pour la première fois, un rassemblement de sources impériales et ainsi contredire un lieu commun trop fréquent, selon lequel le monnayage romain n'apparaissait pas dans les sources épigraphiques et littéraires.
La contribution la plus importante de "La mémoire numismatique de l'Empire romain", cependant, est méthodologique : en associant méthodes philologique, iconographique et analyse littéraire, c'est l'étude du discours impérial lui-même qui est ici proposée.