"Despote éclairé" , alter ego de Louis XIV, l'empereur Kangxi a su fédérer la Chine autour de sa dynastie ; son ouverture d'esprit et son insatiable curiosité intellectuelle - arts, lettres, sciences, les découvertes de l'occident le fascinent - vont le pousser à intégrer ses connaissances à la culture de son pays. C'est le 16 août 1667 que Kangxi, âgé de 13 ans, parvient à évincer les régents et qu'il prend, seul, les rênes du pouvoir. Démantelant les coalitions, instaurant son pouvoir sur la Mongolie, stabilisant la frontière avec la Russie, il est, en 1685, à la tête du plus vaste empire que la Chine ait connu ; c'est aussi le plus peuplé, le plus riche et le plus développé. Conscient de l'importance de transmettre les valeurs de sa civilisation, l'empereur est à l'initiative d'un travail de recherche colossal. C'est dans ce contexte qu'aura lieu, en 1688, la grande aventure des "mathématiciens du roi". Louis XIV, intéressé par l'Orient, cherchant à supplanter Hollandais et Portugais en Asie, décide de mandater des missionnaires jésuites pour un voyage en Chine. Partis pour des raisons politiques et économiques, ils seront, en réalité, les vecteurs d'un extraordinaire échange culturel. Un monde s'ouvre à l'empereur. Tolérant, il intègre ces " passeurs de culture " à ses bureaux de travail, légifère en faveur de leur liberté de culte. L'acceptation est totale. Certains de ces missionnaires rentrèrent en France. C'est grâce à leurs témoignages, et particulièrement à celui du jésuite Joachim Bouvet, que l'image de Kangxi se popularisa dans la France du XVIIIe siècle.