Le premier, question de taille, en trois volumes, est le Dictionnaire des céramistes, peintres sur porcelaine, verre et émail, verriers et émailleurs exposant dans les Salons, Expositions universelles, industrielles, d'art décoratif et des manufactures nationales, 1700-1920, résultat des travaux de l'inlassable et indispensable compilateur qu'est Pierre Sanchez. Préfacés par Antoinette Faÿ-Hallé, directeur du Musée national de céramique de Sèvres, et munis d'un avant-propos où l'auteur dresse un panorama impressionnant de ses investigations (et, malgré ses craintes, je ne pense pas qu'on puisse trouver beaucoup d'autres documents susceptibles d'être dépouillés pour compléter sa recension) et de sa méthode, ces trois volumes vont devenir un usuel, pour qui s'intéresse à une production massive dont les auteurs sont pour la plupart tombés dans l'oubli.
Les habitués des livrets de Salon y retrouveront des noms déjà croisés, telle cette Mademoiselle Thérèse Mirza Alix qui, en 1877, faisait ses premiers pas dans la manifestation en y présentant sa copie sur porcelaine de l'Innocence de Greuze. Mais ils pourront y trouver aussi de plus modestes travailleurs, qui n'obtinrent jamais que le statut d'artisan et n'eurent jamais droit qu'aux éventaires des multiples expositions des produits industriels, tel l'énigmatique P. Burguia, qu'on ne croise que lors de l'Exposition universelle de 1855 où il présente, sous un seul numéro et dans une liste à l'éclectisme au goût du jour, ses Services de table, cabarets, cuvettes pour la photographie et autres objets de porcelaine.
Un seul regret, cependant : peut-être aurait-il fallu préciser pour les exposants au Salon, dans quelles sections ils présentaient leurs créations. Cela aurait permis, comme le dit Pierre Sanchez, " de mettre sur une piste de recherche " ceux qui consultent cette somme. En effet, selon les périodes, porcelaines, peintures sur verre, émail n'ont pas eu le même statut. Le fait d'être présentés selon les moments, et les décisions des organisateurs, avec les peintures, avec les arts graphiques ou bien à part, prouve avec évidence l'embarras que provoquaient ces produits dérivés du " grand art ", dont on trouve une trace évidente dans le Règlement réformé du Salon de 1833. Le faire savoir était un moyen d'alimenter la réflexion sur la naissance et le sens profond du terme " arts décoratifs ".