Ce recueil décline les lieux, les gestes, les arts de la lecture, cette étrange activité où le regard et parfois la voix des vivants s'emploient à éveiller la pensée et les discours des morts ou des absents, un jour confiés à l'écrit. Solitaire ou collective, silencieuse ou oralisée, la lecture est aussi apprentissage, recherche et découverte, méditation et travail du sujet sur lui-même. Par elle se déploient les trésors de sagesse et de savoir, d'expériences et de mémoire enfermés dans les livres.
On suit dans ces pages les métamorphoses du lecteur, depuis les écoles de scribes de la Mésopotamie antique jusqu'aux bibliothèques portables des "livres électroniques d'aujourd'hui". Un parcours historique large et comparatif explore les communautés de lecteurs qui, dans les mondes lettrés, fréquentent les bibliothèques, celles d'hier comme celles de demain, celles des mondes anciens, de l'Orient ou de la Chine lointaine comme celles de la tradition humaniste européenne. On s'attache aux figures des sages, des érudits, des disciples et de leurs maîtres, des bibliothécaires et des artisans de la lisibilité - les traducteurs, les commentateurs, les éditeurs. Autant de figures de lecteurs qui manient les livres selon leurs traditions propres, pour en extraire des mots, du sens, des faits ou des vérités. Pour ces lecteurs savants, lire, c'est écrire, qu'il s'agisse d'annoter les marges des livres, d'y prélever des citations ou de s'engager sur les chemins labyrinthiques de l'exégèse et de l'encyclopédisme. Et la lecture féconde ainsi de nouveaux projets de savoir ou de pensée.