Catalogue de l'exposition. Musée départemental Georges de La Tour (Vic-sur-Seille, Moselle), du 31 octobre 2010 au 20 mars 2011.
Nul autre pays que le Japon n'a porté autant d'importance à l'art céramique. L'Europe connaît depuis le XVIIe siècle les porcelaines japonaises et s'enthousiasme au XIXe siècle pour les grès polychromes de Satsuma et de Kyoto. Mais il existe aussi un goût profondément japonais et plus ancien encore pour la sobriété des objets, l'irrégularité des formes, l'austérité des matières.
Cette esthétique, nommée wabi par les maîtres de la cérémonie du thé au XVIe siècle, s'exprimera pleinement dans la production céramique jusqu'à nos jours. L'accident est préféré à la volonté, l'asymétrie à la régularité, la spontanéité à l'intention, la modestie à l'opulence. Le défaut devient perfection et la perfection défaut.
À l'époque où l'Occident pense principalement la céramique comme un développement technologique, les Japonais, dès le XVIe siècle, intellectualisent la poterie, la placent au rang d'objet philosophique et s'engagent dans la quête d'une beauté à l'opposé de nos idéaux de perfection. Issues de la cérémonie du thé, les notions de sobriété et d'irrégularité forment le coeur de cette esthétique, présentée dans les images et dans les textes de ce catalogue.