Organisée par une commission internationale placée sous la direction de Venceslas Kruta, l'exposition présentée au Musée royal de Mariemont constitue un évènement exceptionnel à de nombreux égards. Au moment où l'Europe en construction s'interroge sur son identité et ses racines, le rappel de l'importance de l'héritage celtique apparaît particulièrement bien venu puisqu'il concerne à des degrés divers une vingtaine de pays de notre continent, des rivages irlandais aux terres danubiennes et des plateaux ibériques à la plaine padane. Alors que deux millions d'Européens demeurent celtophones et au moment où les musiques irlandaise, bretonne ou galicienne rencontrent le succès que l'on sait, l'exposition de Mariemont, limitée au monde des Celtes continentaux, invite à la découverte d'un millier de pièces prestigieuses ou de trouvailles récentes dont certaines sont présentées pour la première fois au public. En mettant l'accent sur certains peuples celtes en particulier, Belges et Rèmes gaulois ou Boïens et Volques d'Europe centrale, elle montre comment l'univers celtique tel qu'il se présentait au cours du premier millénaire avant Jésus-Christ se joue largement des frontières nationales nées d'une histoire plus récente. L'organisation de l'exposition permet par ailleurs de parcourir l'ensemble de la séquence historique correspondant au temps de l'Europe celtique, appelée à disparaître ensuite du fait de la conquête romaine et de la pression germanique. Le visiteur découvrira en effet successivement « l'émergence historique des Celtes », « les changements intervenus au IVe siècle et la formation de nouveaux complexes ethniques » (une problématique renouvelée qui se substitue aujourd'hui à la classique « expansion laténienne »), « l'apogée, au IIe siècle avant J.-C., des Celtes danubiens et la formation des peuples belges », enfin « le monde des cités celtiques des IIe et Ier siècle avant J.-C. » qui précède immédiatement l'intervention romaine.