En 1947, Angel Alonso quitte l'Espagne pour s'installer à Paris, après quelques années de formation artistique autodidacte. Une série de rencontres heureuses orientèrent la première étape de son travail. Ses premières influences picturales lui viendront de Viera da Silva, Arpad Szenes et surtout de Nicolas de Staël et Pierre Tal-Coat, au même temps qu'il se sent attiré par la couleur et les collages de Matisse. En 1952, Alonso refuse d'exposer à la prestigieuse galerie Jeanne Bûcher prétextant qu'il se sentait trop "harcelé". En 1955, Exposition à la galerie André Schoëller, qui à cette époque était le représentant d'artistes tels que Rebeyrolle, Fautrier, Messagier, Duvillier, Gnoli, Arroyo, etc. À partir de cette exposition ses matériaux deviennent plus denses. De 1957 à 1958, il peint une série de toiles inspirées du tableau de Turner "Les Funérailles en mer de Sir David Wilkie". Ce sont les années de sa rencontre fraternelle avec Maria Zambrano. À la lumière de ces rencontres Alonso initie son propre chemin. En 1960, il s'installe à Genainvillier, près de Chartres, qui deviendra, à partir de ce moment son lieu de réflexion et de recherche, centrée principalement sur la couleur. À partir de 1960 et pendant plus de vingt ans, Alonso se tiendra pratiquement éloigné du marché de l'art. Il se consacre à la peinture comme exigence spirituelle, toujours en contact avec la terre et la nature. Ce sont des années intenses marquées par un retour progressif vers l'essentiel qui se traduit surtout dans la couleur et dans les matériaux. Il commence la série des grand tableaux noirs composés à partir de poudre de charbon, de végétaux brûlés, de paille, de feuillage, de terres qui confèrent au tableau une consistance et une intensité unique. Simultanément il crée d'autres oeuvres sur bois, carton ou papier où il poursuit son travail de recherche et de réflexion sur la couleur. En 1982, il retourne à Paris, à l'ancien atelier de Tal-Coat Cette année-là, il expose à la galerie Cahiers d'Art. Dans ces travaux, la couleur constitue le paysage même. Avec une maîtrise exceptionnelle des matériaux, il n'hésite pas à inventer ses rouges, verts, jaunes, oranges... qui jaillissent de la surface poreuse de ses tableaux. Entre 1986 et 1989 il effectue plusieurs expositions à la Galerie Barbier. Les rouges, les blancs et les jaunes, s'étendent sur la toile, jalonnés d'interruptions d'espaces, poussant la couleur jusqu'aux extrêmes mêmes du tableau. Dans ces travaux il a laissé de côté les bonnes relations et les influences de son ami Tal-Coat ainsi que la voie ouverte par Matisse. Il prend parti pour une exigence plus radicale qui subordonne son langage pictural à une écriture essentielle dans laquelle la matière et la couleur se réunissent définitivement. La série Désastres, exposée en 1992 à la Galerie Sapone de Nice, constitue l'aboutissement de sa dernière recherche. Il abandonne à nouveau ses jaunes, verts, terres pour retourner au noir et au blanc comme dernier refuge dans lequel il se sent sûr. Ses derniers tableaux, des petits formats -esquisses possibles pour un temps qui ne viendra jamais- bouclent le voyage de son oeuvre et de sa vie.
Somogy éditions d'Art
Exposition présentée au Conseil Générl d'Eure-et-Loire, du 10 octobre 2013 au 5 décembre 2014