Habituellement nommée «La grande soif», la partie sud-est du Soudan du Sud, pays le plus récent au monde est une région isolée, sujette à des chutes de pluies annuelles basses et surtout incertaines. Les premiers explorateurs occidentaux à la fin du XIXe et au début du XXe siècle ont parcouru la région précipitamment d'un point d'eau à un autre en ne s'arrêtant que rarement pour apprendre à connaître ses habitants.
Les Jiye, les Toposa, les Murle et les Nyangatom demeurent relativement peu connus. Bien que des ONG aient commencé à travailler dans la région, peu d'attention est accordée à la diversité culturelle et à la structure sociale de ces sociétés agro-pastorales. Ce livre se concentre sur les Jiye et leurs voisins les plus proches, les Toposa. Le peuple jiye ne compte pas plus de 8 000 personnes, ce qui fait de lui l'un des plus petits groupes dans cette région du Soudan du Sud.
Cette société particulièrement solide a survécu, pendant les deux siècles de son existence, à des périodes de sécheresse et de famine extrêmes, à de graves épizooties et à des raids dévastateurs lancés par ses voisins plus puissants. Peu de changements sont survenus depuis.