Pour apprécier exactement le rôle des Gender studies dans une perspective strictement historique, étrangère à tout militantisme, il convient d'étudier simultanément la place occupée, au propre et au figuré, par les femmes et les hommes dans leur demeure commune ou, le cas échéant, dans un même réseau de demeures.
Un groupe de chercheurs internationaux se propose justement de confronter à l'échelle de l'Europe les modes de vie des principaux protagonistes masculins et féminins de la société de cour au debut des Temps modernes, en comparant leurs logis, puisqu'à ce niveau de l'échelle sociale, mari et femme ont en général chacun le leur.
On sait déjà que, d'une façon générale, la relation vie privée-vie publique et la manière d'habiter, évoluent considérablement dans la période considérée (1450-1650) sous la pression croissante du cérémonial et de la société de cour. On sait aussi qu'il existe une
émulation, et donc des échanges constants, entre les cours européennes qui évoluent sous les regards attentifs des ambassadeurs étrangers, mais il convient d'examiner de près la situation propre à chaque pays afin de faire apparaître les lignes de force et les moments clefs d'une telle évolution et de tels échanges.
Il semble ainsi que la situation respective des époux présente des caractères très différents suivant les pays, ce que notent d'ailleurs les voyageurs, et que ces particularités persisteront longtemps. Le grand intérêt de cet ouvrage est de mettre en évidence, de façon très concrète, cette diversité, que ce soit à la cour des Valois ou des
Bourbons, comme à celle des Stuart, des Tudor, des Habsbourg, en Toscane, au Portugal, à Nancy ou encore en Pologne.