La tapisserie flamande des XVe et XVIe siècles a fait partie des produits d'exportation les plus prisés de nos régions du nord. D'un raffinement technique inégalé, des panneaux d'une beauté à couper le souffle sont sortis en nombre des ateliers de Bruxelles ou de Tournai. Les dessins de base ou " cartons " étant souvent l'oeuvre de peintres célèbres, tels Raphaël ou Bernard van Orley, c'est tout naturellement que les tapisseries ont relayé le renouveau du langage artistique formel de la Renaissance. Désormais, des éléments architectoniques viennent structurer l'ensemble de la composition, la perspective fait son entrée et les personnages sont représentés de manière de plus en plus vivante.
Derrière ces oeuvres d'art se cache tout un monde. Les précieuses tapisseries en fils de soie et de laine, mais aussi d'or et d'argent, convenaient admirablement à la cour itinérante des ducs de Bourgogne, puis à celles de Charles Quint et de son fils Philippe II. Bien entendu, ces " fresques portables ", transportées à travers toute l'Europe et généralement commandées dans le cadre d'une série, n'étaient pas uniquement destinées à accroître le confort personnel, le plaisir esthétique ou le prestige social de leur commanditaire. Les compositions variées s'attachant à des thèmes religieux, historiques ou mythologiques constituaient un moyen de propagande