Écrire et broder, imprimer et tisser. Dès les origines de la production des textes et des images ces couples conceptuels ont correspondu à des échanges d'objets et de pratiques entre l'univers du livre et celui de l'étoffe : alphabets à broder pour l'apprentissage de la lecture, reliures en tissu - vêtement habituel du livre de luxe -, textes et images circulant du tissu au papier, depuis les premières impressions à la planche de bois jusqu'aux "indiennes" qui ont fait la fortune des imprimeurs d'étoffes et les inscriptions qui ont envahi la mode contemporaine. Parallèlement, les représentations symboliques unissant le livre et l'étoffe comptent parmi les plus fortes de notre culture et ont marqué l'histoire littéraire de l'Europe. Révéler la trame du texte, l'occulter, la défaire, a été l'obsession des plus grands écrivains européens. Les points de vue ici abordés, largement pluridisciplinaires, considèrent les relations entre texte et textile, entre tissu et papier, non comme un aspect second, accessoire, de l'étude de ces domaines, mais comme élément premier et fondateur. Tel est le pari et l'originalité de ces travaux : poser que le texte n'est pas pensable sans le textile, de même qu'il n'y a pas de papier sans chiffon.
Cet ouvrage constitue les actes d'un colloque qui s'est tenu à Lyon, durant les expositions programmées en 2005 dans le cadre de la manifestation Tissu/Papier, échanges d'impressions, organisée par l'Institut d'histoire du livre. Il rassemble des contributions très homogènes qui présentent un tour d'horizon des questions liées aux rapports entre papier, livre, texte et tissu. A ce titre, il constitue un ouvrage de référence, à l'attention des chercheurs ou des curieux, qui permet de mesurer l'ampleur du champ que recouvrent ces rapports, leur profondeur et leur pertinence, au carrefour des problématiques générales de l'histoire de l'art et du livre.