La fin de la Préhistoire se caractérise un peu partout dans le monde par l'émergence des premières sociétés hiérarchisées. Les causes de cette mutation irréversible sont à rechercher dans le passage à l'économie de production consécutive à l'invention de l'agriculture et de l'élevage.
Les traces archéologiques de ce phénomène majeur de l'histoire humaine sont nombreuses même si elles restent le plus souvent indirectes. La structuration des sociétés sans écriture ne peut en effet être appréhendée qu'au travers de réalisations matérielles laissées par les populations anciennes. Dans cette reconstitution toujours en débat, les chercheurs s'appuient sur différents indicateurs au premier rang desquels figurent l'architecture qui apparaît à cette époque et les tombes dont le nombre prolifère par rapport aux périodes antérieures.
Qu'il s'agisse de bâtiments en terre ou en pierre, de fortifications ou de tombes monumentales, les premières constructions sont le signe d'un encadrement par des hommes de l'art à tout le moins et plus encore par des hommes capables de motiver suffisamment leur communauté. Le surcroît de travail généré par nombre de ces ouvrages collectifs ne peut guère se concevoir en dehors d'une stratification des individus au sein des sociétés.
On en retrouve d'ailleurs des traces plus tangibles au sein des tombes où des inégalités en matière de viatique ou d'architecture funéraire -dont certaines confinent au gigantisme- ont été observées.
Pour illustrer ces transformations qui vont conduire peu à peu aux grandes civilisations de l'Histoire, le Musée des Eyzies a choisi un angle plus original mais aussi plus facilement muséographiable : celui des signes de richesse au Néolithique.
L'apparition de sociétés dans lesquelles existaient des dénivelés importants entre individus, a également entraîné celle d'un affichage des statuts les plus favorisés. S'il n'en subsiste que des témoignages indirects, il n'en reste pas moins qu'on voit se multiplier des objets façonnés en matériaux nobles ou exotiques qui semblent avoir été fabriqués aux seules fins de diffusion et que l'on retrouve à des distances parfois considérables de leur lieu de production.
Alors que nombre de ces objets ont été recueillis depuis longtemps principalement en contexte funéraire, la recherche actuelle s'intéresse dorénavant aussi à leur acquisition en recherchant les lieux d'approvisionnement en matière première mais aussi aux transformations éventuelles qui ont accompagné leur transfert sur de vastes territoires.
Ces objets particuliers et leur circulation constitueront le thème de l'exposition.
Le cadre géographique retenu est celui de l'Europe, avec des objets provenant de collections françaises majoritairement issues de la moitié sud du pays, (musées ou dépôts de fouilles de Toulouse, Narbonne, Montpellier, Nîmes, Grand Pressigny, Saint-Germain-en-Laye, Carnac...).
Le cadre chronologique couvre le Néolithique au sens large, de 5 500 à 2 000 ans avant JC.
En privilégiant la Préhistoire récente jusqu'alors délaissée, car historiquement éclipsée par le Paléolithique dans le Sud-Ouest et plus encore en Périgord, le musée national de Préhistoire offre une synthèse actualisée des premières tentatives d'organisation des sociétés qui conduiront peu à peu à notre monde moderne