Tout au long du XVIIIe siècle, les Hache se sont succédé de père en fils dans leur atelier de Grenoble.
Pourquoi la postérité a-t-elle érigé en mythe l'oeuvre de ces maîtres provinciaux qui de leur vivant déjà rivalisaient avec les ébénistes parisiens les plus en vue ?
À l'aube du XVIIIe siècle, Thomas Hache avait mis au point un procédé de sciage spécial pour obtenir des grandes feuilles de loupes ainsi que des teintes rouges et vertes pour le sycomore et le frêne dont le secret est aujourd'hui perdu.
Employant des loupes et des racines aussi moirées et chatoyantes que des étoffes précieuses, Pierre Hache, ébéniste du duc d'Orléans, créera dans la mouvance du style Louis XV des décors de marqueterie dont la sûreté de goût et l'originalité resteront inégalées.
Son fils Jean-François les enrichira encore en ajoutant parfois une note de virtuosité dans les formes.
Fruit d'un siècle de production, l'oeuvre connue des Hache est d'une ampleur et d'une variété impressionnantes. L'abondance des meubles qui leur sont faussement attribués ne l'est pas moins. Ce livre était attendu comme un ouvrage de référence.
Pierre Rouge, ébéniste de formation, a ensuite pendant plus de quarante ans orienté son activité de marchand vers la recherche et l'étude attentive des meubles des Hache. Il est vice-président d'honneur du Syndicat national des Antiquaires. Il a écrit ce livre avec sa fille Françoise, historienne d'art, qui partage son savoir depuis de longues années.