Ce catalogue est édité à l'occasion de l'exposition Images du monde flottant, peintures et estampes japonaises XVIIème XVIIIème siècles présentée aux Galeries nationales du Grand Palais du 27 septembre au 3 janvier 2005.
A partir de 1603, Edo devient la capitale d'un Japon pacifié. S'ouvre une ère de prospérité et d'optimisme qui se traduit bientôt par l'apparition de quartiers de divertissements à la lisière des grandes villes. Deux institutions, nouvellement apparues, les animent : les maisons de thé et le théâtre kabuki, séjours des courtisanes, des danseuses et des acteurs que l'on célèbre comme de véritables icônes.
Ce monde des marges étroitement surveillé par le shogunat se dénomme « Monde flottant » (ukiyo). Les mouvements du corps et de l'âme qui s'y dessinent donnent lieu à un courant pictural inédit qui met en avant la figure féminine : les « images du Monde flottant » (ukiyo-e).
L'exposition présente les diverses voies stylistiques et thématiques suivies par les artistes comme Kôryusai ( ?-1793) ou Kiyonaga (1752-1815), au cours de ce qui fut l'âge d'or de l'estampe japonaise, dans les 25 dernières années du XVIIIe siècle. La lettre, le travestissement de l'acteur (onnagata), la toilette, le miroir, l'évocation de l'amour maternel sont les nouveaux moyens, plus narratifs, pour traduire le sensuel, mélangeant toujours les références à la littérature médiévale et à l'existence contemporaine des citadins d'Edo. La figure féminine fait l'objet d'une mise en valeur infinie suivant des courbes inattendues, très effilées, serpentines. Souvent allusive, plus ou moins fluide, la ligne joue sur l'épaisseur du trait qui cerne les plages colorées