La faïence de Delft était conçue dans l'esprit pratique et utilitaire, et la Hollande a fourni toute l'Europe en vaisselle d'usage. L'art de la poterie était florissant à Haarlem dès le XVIe, mais à Delft le développement ne commence qu'au XVIIe. Les plus anciennes faïences, peintes en camaïeu bleu, se distinguent par l'exubérance de leur décor ; scènes de bataille, de chasse ou de kermesse, sujets religieux dessinés au "tek", sorte d'encre, brun ou violet foncé, qui rehausse les contours. La seconde moitié du XVIIe marque l'apogée delftoise. Elle est due en grande partie à la puissance commerciale hollandaise. La Hollande, en rapports constants avec l'Orient et l'Extrême-Orient, joue un rôle prépondérant dans le développement du goût d'exotisme qui se dessine dès le début du XVIIe. Les porcelaines d'Extrême-Orient seront la grande source d'inspiration du décor de Delft, parallèlement aux tableaux de l'école des Petits Maîtres. Ce sont des Camaïeus bleus sur des plaques de faïence des scènes de genre, paysages et marines, reflet direct de la peinture du temps. Au XVIIIe s, la production augmente et prend un caractère commercial. La diffusion de la porcelaine et surtout celle des faïences anglaises, à la fin du siècle, causent la décadence delftoise. La faïence de Delft tient une place capitale dans l'histoire de la céramique; elle a suscité d'innombrables imitations, en Hollande et en Belgique.Son influence s'étendit à tout le nord de la France comme aux manufactures de Nevers et de Rouen, en Allemagne, en Angleterre.... Aux XVIIe et XVIIIe, la réputation de Delft était telle que partout en Europe des potiers demandent des privilèges pour faire de la faïence "à la manière de Delft"