Depuis plusieurs années, le musée du Domaine départemental de Sceaux a pris le parti d'inviter les grands musées de province à présenter un florilège de leurs plus belles pièces d'arts graphiques. La première exposition, Le Dessin français de paysage aux XVIIe et XVIIIe siècles, eut lieu en 2011, suivie d'une présentation de quelque soixante-dix dessins d'Ingres, organisée en partenariat avec le musée Ingres de Montauban (2012). Sur le même principe furent exposés, en 2013, les fleurons d'une célèbre collection privée, celle d'Isabelle et Christian Adrien ; puis ce furent le musée des Beaux-Arts d'Angers, en 2014 (De Rubens à Delacroix), et enfin le musée de la Cité de la céramique Sèvres et Limoges, en 2015 (L'Sil du maître, Esquisses de François Desportes) dont les plus belles feuilles vinrent orner les cimaises du musée. Ces quelques rendez-vous ont suffi à faire du musée du Domaine départemental de Sceaux l'un des lieux identifiés de l'étude et de la valorisation de l'art du dessin, ce à l'échelon national. 2016 voit aboutir un partenariat avec l'un des cabinets d'arts graphiques les plus riches constitués en région, celui du musée des Beaux-Arts et d'Archéologie de Besançon. Le choix a été fait de valoriser le fonds français du XVIIe siècle, particulièrement riche et prestigieux, autrefois constitué par le peintre Jean Gigoux et donné par lui au musée bisontin en 1894. Incidemment, ce XVIIe siècle correspond à la naissance du Domaine de Sceaux dont le créateur et propriétaire, l'illustre Jean-Baptiste Colbert, connut et encadra - au titre de surintendant des Bâtiments du roi et protecteur de l'Académie royale de peinture et de sculpture - la plupart des artistes dont les úuvres seront exposées. Cette époque, qui comprend les règnes de Louis XIII et de Louis XIV, est surtout celle de l'émergence d'une esthétique - et donc d'une culture - proprement française, favorisée et accompagnée par un pouvoir politique soucieux de sa grandeur. Tous les peintres et dessinateurs majeurs du siècle seront représentés dans l'exposition : Simon Vouet (avec une dizaine de feuilles) et ses principaux élèves (dont Eustache Le Sueur), Nicolas Poussin, Claude Gelée dit Le Lorrain, Charles Le Brun. Le parcours s'ouvre sur une feuille de Pierre Brébiette, très marquée encore par l'influence italienne du XVIe siècle, et s'achève avec Jean-Antoine Watteau, mort six ans seulement après le Roi-Soleil, mais porteur déjà de toutes les voluptés (et de tous les doutes) du siècle des Lumières. Entre ces deux extrêmes sont évoquées les principales tendances du XVIIe siècle : le classicisme initié par Poussin et cultivé par Laurent de La Hyre, François Perrier ou Sébastien Bourdon ; l'académisme savant des proches de Le Brun, tels François Verdier, Claude Audran, Louis Licherie ; l'inflexion coloriste de la fin du siècle, illustrée par les dessins aux trois crayons (sanguine, pierre noire et craie blanche) de Charles de La Fosse et, bien sûr, de Watteau lui-même. Le dessin de paysage (Pierre Patel, Adam Frans van der Meulen, Etienne Allegrain) et de portrait (Claude Mellan, François de Troy, Hyacinthe Rigaud) seront abordés comme des chapitres particuliers de l'histoire du dessin français de cette époque. Par ce nouvel échange avec un grand musée, le Conseil départemental des Hauts-de-Seine manifeste une fois de plus sa volonté de favoriser l'accès du plus large public aux úuvres d'art les plus recherchées. Un parcours pédagogique, particulièrement soigné, permettra aux visiteurs non spécialisés de comprendre et d'assimiler les caractéristiques techniques et méthodologiques qui accompagnent l'étude et la connaissance du dessin ancien. publiarq.com