Ense concentrant sur la vingtaine d'années - du milieu des années 1860 au milieu des années 1880 - pendant lesquelles Cézanne et Pissarro eurent des relations étroites et travaillèrent souvent côte à côte, le catalogue de l'exposition explore leurs préoccupations communes et - ce qui est le plus important - leurs différences. Le lecteur peut ainsi mesurer à quel point ces deux artistes s'influencèrent mutuellement, tout en développant des idées et des perceptions distinctes ? Leur dialogue fut très riche ; le nombre de tableaux et de dessins qu'ils produisirent au cours de cette période, leurs commentaires écrits le montrent en offrant un moyen privilégié d'étudier comment ils travaillèrent pour créer un art spécifiquement moderne, à la fois critique de lui-même et autonome. Cet ouvrage rappelle aussi l'importance et la vitalité des premières années de l'impressonnisme et éclaire l'univers de ces deux artistes à un moment-clé de leurs carrières, lorsqu'ils cherchaient encore leurs voies. A la fin de sa vie, Camille Pissarro (1830-1903) écrit : "Cézanne [...] a subi mon influence à Pontoise et moi la sienne. [...] Parbleu, nous étions toujours ensemble ! mais ce qu'il y a de certain, chacun gardait la seule chose qui compte, "sa sensation"... ce serait facile à démontrer..." (lettre à son fils Lucien, 22 novembre 1895).
Cette exposition constitue comme une illustration de ces propos. Il s'agit d'étudier les relations entre l'art de Paul Cézanne (1839-1906) et celui de Pissarro à partir du début de leurs carrières jusqu'au milieu des années 1880. Vingt ans d'interférences et d'amitié.
Portraits, natures mortes et paysages de Cézanne et de Pissarro sont réunis pour restituer la convergence de la vision des deux peintres autour de 1875. Plus tard, Cézanne réinterprète d'anciennes compositions de Pissarro et reprend certains des points de vue adoptés auparavant par son aîné. La confrontation de leurs oeuvres met en valeur cette "parenté" dans l'approche des motifs, très significative des liens durables ayant uni Cézanne et Pissarro.