l s'agit avant tout d'une histoire destinée à un large public dans le but de faire comprendre ce qu'est véritablement et sous toutes ses formes la miniature de portrait, exécutée d'abord sur vélin, puis sur ivoire et sur papier, du début du XVIe siècle, où elle apparaît pour la première fois en Angleterre, jusque dans les dernières années du XIXe siècle qui voit son extinction progressive.
Loin d'être uniquement une " peinture en petit " bonne à ranger parmi les bibelots, la miniature, dotée d'une véritable spécificité, est une oeuvre à part entière. En raison précisément de ses dimensions réduites, elle a tenu un rôle majeur dans l'histoire de la société et des sentiments. Facilement cachée, offerte ou dérobée, tenue sur soi, échangée entre amants, parents ou amis, elle fut le précieux témoignage des sentiments, l'image-souvenir indispensable lors d'une séparation, et après la mort elle est alors souvent multipliée.
Montée en bijou, présente sur ou à l'intérieur d'une boîte ou dans un écrin pour échapper aux regards indiscrets, accompagnée de cheveux de l'être cher, elle fut ardemment aimée. La littérature et la peinture en témoignent abondamment.
La miniature apparaît en Angleterre, à la cour des Tudors, où elle tient notamment sous le règne d'Élisabeth Ire un rôle, indispensable à la politique, de célébration de la personne royale. Liée à la littérature et à la poésie, elle acquiert un sens savant et emblématique.
Elle est aussi le cadeau diplomatique échangé entre les souverains, mais sa connotation demeure toujours sentimentale. À partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, elle est peinte sur ivoire et connaît alors un engouement qui se répand en touchant toutes les clases de la société et que la Révolution puis les guerres napoléoniennes ne feront que généraliser.
Ces rôles divers sont abondamment décrits, accompagnés d'une évocation des artistes les plus talentueux et originaux qui ont pratiqué cet art, en Angleterre, en France et dans toute l'Europe où la miniature règne en maîtresse jusqu'au milieu du XIXe siècle. Entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle, son âge d'or, elle est relayée par le physionotrace, gravure de portrait en petit, puis par la miniature sur porcelaine dure qui se développe et se perfectionne durant la première moitié du XIXe siècle. À partir de 1850 environ, la photographie remplacera peu à peu la miniature qui, avant de céder sa place, tâchera d'adopter le style de ces nouveaux portraits.